Le parquet de Basse-Terre avait été saisi du décès d'une mère de famille de 44 ans le 14 mai, "du fait d'un projectile issu d'un (...) airbag qui a touché (une) partie de (sa) tête", selon Xavier Sicot, procureur de la République de Basse-Terre, alors qu'elle se trouvait au volant et sa fillette à l'arrière du véhicule.
Deux informations judiciaires vont être ouvertes "ces prochains jours" par les parquets de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre pour "homicides et blessures involontaires" à la suite d'"explosions d'airbags qui sont à l'origine d'accidents de la circulation (...) et qui se sont multipliés ces dernières années", ont annoncé les procureurs lors d'une conférence de presse commune, mercredi au palais de justice de Pointe-à-Pitre.
Cinq dossiers, dont trois concernant des accidents mortels, entrent d'ores et déjà dans le cadre de cette procédure "(d')ampleur" qui "dépasse les limites de la Guadeloupe", selon la même source.
"C'est une même marque japonaise qui revient", concernant les airbags mis en cause, a par ailleurs indiqué Patrick Desjardins, procureur de la République de Pointe-à-Pitre.
Un défaut constaté sur les airbags de l'équipementier japonais Takata, susceptibles d'exploser en projetant des fragments de métal, avait été mis au jour par les autorités américaines en 2014, provoquant d'importantes campagnes de rappel à travers le monde. Le groupe japonais a depuis fait faillite.
Ces informations judiciaires sont ouvertes pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires avec ITT inférieure et supérieure à trois mois selon le cas, commis par inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité par une personne ou par personne morale", selon les procureurs.
A Pointe-à-Pitre, au moins "six autres dossiers", certains mortels, pourraient, en fonction des résultats des investigations, être rattachés à la procédure "au fur et à mesure". Le plus ancien "remonte à 2018", selon le procureur de Pointe-à-Pitre.
Les accidents faisant l'objet d'une information judiciaire "impliquent des Citroën C3", indiquent les deux procureurs. "La plupart du temps", dans les autres dossiers, "des (véhicules) Citroën" sont également concernés, mais sur ces derniers cas, le procureur de Pointe-à-Pitre "souhaite rester prudent".
"Rapporté à la population, rapporté au nombre de véhicules, on est le territoire le plus impacté de France, c'est un phénomène d'ampleur", estime Me Charles Henri Coppet, avocat de "deux familles de décédés et quatre victimes survivantes". Ses dossiers concernent des personnes "de 25 à 70 ans", pour des accidents survenus entre 2020 et 2023. "Tous utilisateurs de C3, parfois de deuxième ou de troisième main", assure-t-il.
"Le problème avec les airbags Takata, c'est un sujet global et worldwide (mondial) de l'ensemble de l'industrie, ce n'est pas juste quelque chose lié à nous", a déclaré une porte-parole de Stellantis, producteur de la marque Citroën, interrogée par l'AFP.
"Il y a un certain nombre de campagnes de rappels pour tous les constructeurs, dans le monde entier" qui concernent "des voitures produites entre 2009 et 2017" et "on suit toutes les campagnes de rappel d'assez près", explique encore le constructeur automobile.
"Pour la Guadeloupe, il y a une campagne de rappel qui est en place depuis 2020 (...) par différents moyens, les appels téléphoniques, les lettres et le contact direct", selon la même source. Cette campagne a été relancée il y a quelques semaines.
Stellantis n'a pas été en mesure de communiquer le nombre de véhicules de ce type rappelés dans l'archipel.
cre/etr/bfa/gvy