Le gouvernement italien a eu recours au "golden power", qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays, en adoptant à la mi-juin un décret visant à limiter l'emprise de Sinochem sur Pirelli et à garantir son indépendance.
Ainsi, pour toutes les décisions du conseil d'administration concernant les "actifs d'importance stratégique" du groupe et la nomination de ses dirigeants, "la proposition est réservée au PDG", indique Pirelli dans un communiqué.
Toute résolution s'opposant à la proposition du PDG "doit être adoptée exclusivement par un vote d'au moins 4/5èmes du conseil d'administration", poursuit le groupe.
Sinochem, premier actionnaire de Pirelli avec une part de 37%, est lié par un pacte au deuxième investisseur, la holding Camfin du PDG Marco Tronchetti Provera, qui détient une part de 14,1%.
Les deux parties avaient décidé en mai 2022 de reconduire cet accord pour une durée de trois ans, mais l'intervention du gouvernement italien avait retardé l'entrée en vigueur du nouveau pacte.
Pirelli était passé en 2015 sous pavillon chinois à l'issue d'une transaction évaluant le groupe à 7,1 milliards d'euros, qui avait suscité en Italie de fortes inquiétudes sur l'indépendance du groupe milanais.
Rome a adopté en juin un décret visant à réduire l'influence du groupe chinois au sein du fabricant de pneus italien, sans toutefois le forcer à vendre sa part.
Le gouvernement italien a ainsi eu recours au "golden power", qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays.
La holding Camfin s'est vu attribuer le droit de proposer le PDG et de désigner quatre des quinze membres du conseil d'administration.
Pour toutes les décisions concernant les "actifs d'importance stratégique" du groupe et la nomination de ses dirigeants, la proposition sera réservée au PDG.
L'actionnaire chinois a été prié de "garantir à Pirelli une pleine autonomie dans la gestion des relations avec les clients et les fournisseurs" et de faire en sorte que la société italienne "ne soit pas soumise aux instructions du groupe Sinochem".
Nouveau Pdg
Les actionnaires de Pirelli ont approuvé lundi la nomination d'un nouveau PDG, Andrea Casaluci, dans le sillage de l'intervention du gouvernement de Giorgia Meloni qui a limité l'emprise de l'actionnaire principal chinois sur le géant italien des pneumatiques.
Andrea Casaluci, 50 ans, jusqu'ici directeur général des opérations, succède à Marco Tronchetti Provera, aux commandes de Pirelli depuis 1992 et désormais vice-président exécutif, dont l'influence restera forte au sein de l'entreprise.
Le conglomérat public chinois Sinochem, premier actionnaire de Pirelli avec une part de 37%, est lié par un pacte au deuxième investisseur, la holding Camfin de M. Tronchetti Provera, qui détient une part de 14,1%.
Les douze membres du nouveau conseil d'administration proposés par Sinochem et Camfin ont été élus par 83,82% du capital représenté à l'assemblée générale des actionnaires, indique le groupe dans un communiqué.
Trois autres candidats figurant sur une liste minoritaire d'un groupe d'actionnaires détenant 1,33% du capital ont recueilli 16,05% des voix, et intégreront également le conseil d'administration, qui restera en place jusqu'en 2025.
Au premier semestre, Pirelli a vu son bénéfice net augmenter de 4,1%, à 242,6 millions d'euros, alors que son chiffre d'affaires s'est accru de 7,5%, à 3,43 milliards d'euros, selon des résultats publiés jeudi.
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