Deux ans après un déficit historique, et un an après son départ précipité de Russie, le constructeur français poursuit le redressement de ses comptes avec un bénéfice net de 2,1 milliards d'euros au premier semestre 2023, alors qu'il avait perdu de l'argent l'an dernier.
"On a effectué un des retournements les plus rapides de l'histoire récente de l'industrie automobile", s'est félicité le directeur général du groupe Luca de Meo lors d'une conférence de presse.
"Ces résultats sont le fruit de nos efforts continus de réduction des coûts depuis trois ans et de notre stratégie centrée sur la valeur, combinée aux premiers bénéfices d'une offensive produits sans précédent", a souligné M. de Meo. "On ne s'arrêtera pas là".
La marge opérationnelle (soit le ratio entre le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires) atteint 7,6%, a indiqué Renault dans un communiqué.
C'est plus faible que des constructeurs rivaux, mais un record pour le Losange qui s'approche de la moyenne du secteur automobile (8,4% en 2022).
Cette marge inclut cependant l'effet comptable de la création d'une filiale, Horse, qui rassemble les activités de Renault dans les moteurs traditionnels. Corrigée de cet impact positif, la marge s'élèverait à 6,6%.
Le groupe avait déjà relevé ses prévisions fin juin en disant tabler désormais sur une marge opérationnelle comprise entre 7 et 8% pour l'année 2023, contre un objectif précédent supérieur ou égal à 6%.
Ces très bons résultats n'ont donc pas surpris les investisseurs, et l'action Renault a baissé à l'ouverture de la Bourse de Paris, avant se rétablir à la mi-journée.
Hausses des tarifs
Le chiffre d'affaires de Renault atteint 26,8 milliards d'euros au premier semestre, en progression de 27,3% par rapport à un premier semestre 2022 très faible, freiné par les problèmes logistiques.
Renault attribue ce rebond au succès du lancement des SUV Arkana et Austral, vendus dans des finitions haut de gamme, ainsi que les modèles de sa marque économique Dacia.
Les pénuries de semi-conducteurs de l'année 2022 sont presque dépassées et le groupe Renault a vu ses ventes rebondir légèrement au premier semestre, avec 1,1 million de véhicules vendus (+13% sur un an).
Le constructeur a réussi à compenser une forte augmentation des coûts (+1,1 milliard d'euros) liée à des hausses de prix des matières premières, de l'énergie et des hausses de salaires.
Renault a confirmé le report au premier semestre 2024 du lancement en Bourse de sa filiale électrique Ampere.
Renault a présenté par ailleurs mercredi les nouveaux termes de son alliance avec Nissan, qui comprend un rééquilibrage à terme de leurs participations croisées, à 15% chacun du capital de l'autre. "Cela nous permet de tourner une page. Nous aurons vraiment cette complicité d'affaire dont nous avons besoin", a souligné M. de Meo.
Le constructeur japonais s'est également engagé à investir jusqu'à 600 millions d'euros dans Ampere. C'est un engagement moindre qu'attendu, et Mitsubishi doit encore préciser sa participation.
Mais "ils auraient pu décider de ne pas participer", au risque de ne pas être compétitifs dans l'électrique en Europe, a souligné M. de Meo.
Dès la rentrée, la Clio restylée devrait continuer à améliorer les marges de Renault. Le lancement de 12 nouveaux modèles en 2024 devrait ensuite lui permettre de poursuivre sur sa lancée, selon ses dirigeants.
La Renault 5 a notamment pour mission d'ouvrir la gamme électrique de Renault aux classes moyennes. Dacia rafaîchira aussi sa gamme avec la nouvelle version de son SUV star, le Duster.
Renault a également annoncé fin juin des objectifs très ambitieux pour sa marque Alpine, qui devra séduire des clients aisés en Europe et au-delà.
En s'inspirant de Porsche, Renault lui prépare un châssis sportif ad hoc, tout en partageant les autres pièces avec les autres voitures du groupe, là encore pour limiter les coûts.
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